Histoire de Crochte

Que veut dire le mot « CROCHTE » ?

Le document le plus ancien qui mentionne le nom de notre paroisse est de 1067 et il la désigne sous le nom de Crochtem. (Miraeus.I.512). Il est probable que ce mot s’est écrit primitivement Crochthem.
Le mot Crocht doit se traduire exactement par Crypte, c’est-à-dire caverne, grotte, lieu souterrain, demeure cachée. En effet, Notre-Dame de la crypte à Cassel, se dit Onze lieve Vrauwe van Croch
Notre Crochte est le même mot que Cruchten, village du Luxembourg ou croupte, village du Calvados, ou la Croûte dans l’Aube. Ces mots représentaient à l'origine des souterrains, des lieux de retraite où l’on venait prier et, en cas de guerre, se cacher avec ce que l’on possédait de plus précieux. (Etudes Etymologiques, par Mannier).
Orthographes successives :
1067: CROCHTEM       1119: CROTES             1121: CRUCHTEM         1171: CROTGAM        
1208: CRCHTEN           1308: CROCHTEM        1314: CROCHTE           1330: CROUCHTEN
1383: CROCHTEM        1711: CROCHTEM
 
L'église de Crochte est bâtie sur une crête argileuse, un peu en retrait de la voie très ancienne du Looweg. Le patron de la paroisse, St-Georges, est un soldat. Les armées ont certainement parcouru le Looweg en bordure des marécages et du golf de l’Aa.
L'église est mentionnée en 1119, (Cartulaire de Thérouane, 420), et sans doute s'agit-il de l'église actuelle dont les parties anciennes pourraient bien dater du XIe ou XIIe siècle.
Elle avait des proportions plus vastes, semble-t-il, que l'église actuelle, ce qui fait supposer qu'elle devait desservir un centre assez important.
L’abbé Deblonde, ancien curé de Crochte qui a fait construire la sacristie actuelle en 1900, signale dans sa Monographie paroissiale qu’en creusant le sol pour les fondations, ‘’on a trouvé, entre les deux fenêtres du côté nord de la nouvelle sacristie, quelques restes d’un ancien caveau qui paraissait avoir son entrée dans l’église, même probablement derrière les chœurs’’. Est-ce un souvenir de la caverne primitive ?

Ancienneté de Crochte

Le village de Crochte a dû être peuplé de bonne heure. On peut le supposer du fait de sa situation. En effet, par sa légère altitude, Crochte était à l'abri des inondations. De plus, traversé de l'est à l'ouest par le Looweg, sans doute le plus ancien chemin de la Flandre Maritime, il était contigu à la Voie  Romaine menant de Cassel à Mardyck.

Crochte et la Gaule

 Il est hors de doute que les gaulois durent se montrer en assez grand nombre à Cassel, car multiples sont les traces par eux laissées dans tout le Houtland. Les découvertes effectuées à Ledringhem, Wulverdinghe et Crochte… permettent en effet d’affirmer la présence d’une importante population gauloise, tout en bordure du pays plat, c'est-à-dire jusqu’aux dernières limites du Houtland…
 Il fut exhumé à Crochte, un certain nombre de monnaies uni-faces au type de cheval désarticulé. (Rigeaux : Etudes sur la Topographie. P.200-205).
Ces pièces firent un moment partie d’une importante collection malheureusement dispersée, la collection Heerrewyn, de Bergues. L’une d’elles était attribuée par Herrewinn, aux Cénomanes ; le surplus provenait selon lui, des Morins, des Atrébates, et peut-être même des Nerviens. Mais en fait, de telles attributions sont plus délicates.

Le Looweg

On conçoit dès lors, que Pigault de Beaupré admet formellement l’existence, à cette époque, de chemins desservant, d’après la tradition, les divers cantonnements gaulois épars au long de la crête yprésienne qui surplombe le Blooteland.
La tradition veut que l’un de ces chemins ait été le Looweg qui, partant de Loo-en-Veurnambacht, passait par Hondschoote, Warhem, Socx, Crochte et Drincham pour aboutir aux environs de Looberghe. De Drincham, ou plutôt de l’endroit où s’élève la localité, devait déjà se détacher, a-t-on supposé, un autre tronçon de route. Constitué, peut-être, par une très ancienne digue, ce chemin, aujourd'hui sous le nom de Loodyck, s’éloignait de Drincham dans la direction sud-est. Après avoir touché à l’Oeverdyck Watergang, il formait là un angle presque droit jusqu’au canal de la Haute-Colme. Ayant ensuite franchi le Langhe Gracht, et l’un des bras du Vliet’ il s’en venait enfin aboutir à l’Aven, au point de jonction de celui-ci avec la Speyerstrasse….
Et cependant, si Pigeault de Beaupré, Derode et Cousin, ont reconnu dans le Looweg ou le Loodyck, des routes gauloises, Rigeaux, tout en évoquant les vieilles traditions qui font de ces chemins des voies contemporaines de Morins ou des Ménapes, n’a pas cru devoir se prononcer absolument en ce sens. Il n’est point cependant, sans admettre l’existence d’un antique chemin bordant le Booteland.

Historique de la population
1795 : 720 hab        1860 : 786 hab (max)        1886 : 659 hab        1901 : 587 hab
1914 : 519 hab         1938 : 420 hab                 1968 : 398 hab        1975 : 336 hab        1982 : 451 hab    1990 : 489 hab                 1999 : 570 hab        2007 : 693 hab
2013 : 724 hab        2016 : 710 hab                 2018 : 696 hab

Monuments  historiques

Église Saint-Georges de CROCHTE
Entourée du cimetière, dans l'enclos paroissial, l’église est à l'écart de la place et de ses commerces. L'église médiévale était construite en grès ferrugineux, dit "pierre de Cassel". Dévastée par les Gueux au XVIe siècle puis durant les guerres entre Français, Anglais et Espagnols, sa dernière reconstruction date de 1600, avec du grès d'origine et de conservation d'une partie des dispositifs architecturaux antérieurs.
Le mur sud est raidi par des contreforts très saillants placés à intervalles réguliers ainsi que le mur nord, de moindre hauteur.
Eglise-halle, elle comporte deux vaisseaux individualisés avec, côté nord, un demi-vaisseau plus bas, tous trois couverts par une toiture unique. Le chevet est plat. Le clocheton de charpente se trouve à l'aplomb de la façade asymétrique datant de 1661.
Le porche est de 1816, et la sacristie de 1900.
La rénovation de la toiture de l’église a eu lieu courant 2018
ainsi que la construction des contreforts côté Nord.

Pierre tombale
A l'extérieur, à droite du portail d'entrée, se trouve une très belle pierre tombale de 1540. Elle provient d'une sépulture intégrée au pavage de l'église et a été déplacée en 1880.
Elle représente la silhouette de deux défunts, avec l'inscription :"Ici repose enterrés Joris Bechaest et Francine sa femme qui moururent en l'année 1540. Francine mourut le 14 un jour d'avril. Joris qui mourut le 4 un jour de décembre de la même année".

Voie Romaine 
Elle va de Cassel à Mardyck ancien lieu d'une garnison romaine passant par Esquelbecq et Crochte.


Personnages importants du village

L'abbé Dezitter : fusillé durant la Révolution.
Monseigneur Faveau : Mgr Paul FAVEAU (1886-1949) (Lazariste)

Ancien évêque en Chine Missionnaire en Chine au début du XXème siècle. Est né à Crochte le 6 avril 1859. Élève au petit séminaire d'Hazebrouck de 1871 à 1878 il est professeur au collège de Bergues de 1879 à 1883. Il entre dans la congrégation de la Mission le 25 septembre 1883 et proclame ses vœux en 1885 ; Il part pour la Chine le 15 Août 1886 et il est ordonné prêtre à Ning-Po (Chine) le 15 Août 1887; il devient directeur du district de Hang-Chow de 1887 à 1898 puis pro vicaire apostolique à Ning-Po, succédant à Mgr Ferrant de 1889 à 1910. Il est élu le 10 Mai 1910, Évêque titulaire de Tamasse et Vicaire apostolique de Hang-Chow (Tché-Kiang); il est sacré à Ning-Po le 2 octobre 1910, il le restera jusqu'au 18 Avril 1937. Nommé Assistant au trône pontifical par le Saint-Père en 1947, il décède le 23 Mars 1949 à huit heures du matin.